18 octobre 2021

L’article n° 71a du décret 2012-432 du 30 mars 2012 relatif à l’exercice de l’activité d’expertise comptable prévoit pour les ressortissants des Etats francophones la possibilité d’accomplir partiellement ou totalement leur stage dans leur pays d’origine. Sami MOUSSAID, jeune professionnel marocain, a choisi de préparer son DEC selon ces modalités. Il est actuellement mémorialiste et en poste dans un cabinet d’expertise à Casablanca. Il parle de son expérience à Données Partagées.

 

Comment est structurée la profession d’expert-comptable et d’auditeur au Maroc ?

 

Le port du titre d’expert-comptable est règlementé par le dahir 1.92.139 du 8 janvier 1993 portant promulgation de la loi 15/89. Les experts-comptables marocains sont tous membres de l’Ordre des experts-comptables, qui exerce ses attributions par l’intermédiaire du conseil national (composé de onze membres élus et suppléants) et des conseils régionaux (composés chacun de dix membres titulaires et suppléants).

L’accès à la profession se fait par le diplôme de l’expert-comptable (diplôme marocain) ou par un diplôme équivalent, dont le DEC.

 

L’expert-comptable est seul habilité à :

» Attester la régularité des comptes et des états comptables et financiers ;

» Délivrer toute attestation donnant une opinion sur les comptes d’entreprises et organismes ;

» Exercer la fonction de commissaires aux comptes (pour les SA, la nomination est toujours obligatoire, pour les SARL la nomination est obligatoire dès que le chiffre d’affaires dépasse le montant de cinquante millions de dirhams, hors taxes).

Le monopole réservé à l’expert-comptable en matière de commissariat aux comptes est entré en vigueur le 3 février 1996. Il exerce aussi les missions d’audit contractuel financier et comptable.

Source : https://www.oecmaroc.com

 

Vous avez choisi de passer le diplôme français, pour quelles raisons ?

 

Grâce à ces particularités remarquables, le cursus de l’expertise comptable français se démarque par la qualité de la formation proposée ainsi que les exigences requises pour réussir les trois diplômes successifs.

La réputation du fameux sésame qu’est le “DEC” n’est plus à bâtir ; il ouvre la voie à des postes à haute responsabilité et à forte valeur ajoutée, que ce soit en France ou à l’étranger.

Et comparativement à d’autres diplômes équivalents, le DEC français ouvre la voie au développement de l’esprit d’analyse, de synthèse, critique et de créativité.

En ce qui me concerne, j’ai aussi été fortement inspiré dans mon choix d’orientation par Sanaa MOUSSAID, expert-comptable, commissaire aux comptes et ancienne vice-présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables français. Grâce à elle, j’ai pu bénéficier de précieux conseils et orientations stratégiques ; notamment sur le choix des organismes de formation et la stratégie de préparation des examens, etc.

 

Comment se déroule le stage du DEC français quand on est au Maroc : Habilitation du maître de stage ? Obligations du stage ?

 

Le maître de stage marocain est soumis aux mêmes obligations qu’un maître de stage français. Il doit signer, dans un premier temps, une attestation d’employeur (selon modèle du CROEC) accompagnée d’un contrat de travail, d’un questionnaire de stage à l’étranger ainsi que l’attestation d’engagement du maître de stage (respect des obligations liées au stage).

Concernant les obligations du stage, les stagiaires marocains doivent produire les mêmes rapports semestriels qu’un stagiaire basé en France. Ils sont tenus de suivre également le même programme de formation, les journées de regroupement se tiennent soit dans une salle mise à la disposition par l’Ordre des experts-comptables marocains, soit dans une salle de séminaire dans un hôtel.

Parmi les difficultés rencontrées par les stagiaires marocains, je note principalement une certaine difficulté de communication des rapports semestriels dans les délais fixés due principalement l’importante de la charge de travail et le rythme élevé au sein des cabinets. Dans certains cas, également, on note un manque d’implication et d’engagement du maître de stage, qui n’a pas de lien direct avec notre organisme de tutelle français.

L’étape de la rédaction de la notice peut aussi s’avérer délicate dans la mesure où le mémoire doit présenter un apport à la profession en France alors que l’expérience est exclusivement réalisée au Maroc. Le stagiaire sera amené alors à traiter des problématiques communes aux deux pays, s’inscrire dans une démarche comparative et expliquer aux lecteurs les spécificités du contexte marocain.

 

Quel est votre projet une fois le DEC obtenu ?

 

Une fois le DEC décroché, mon objectif est la création ex nihilo de mon cabinet avec la possibilité de réaliser des missions en cotraitance et en sous-traitance, c’est une option bien évidemment difficile pour un jeune expert-comptable, car il faut bâtir un réseau relationnel soi-même, supporter des frais de démarrages conséquents…

Pour ma part, je n’envisage pas l’association avec un confrère, quant au rachat de clientèle, j’estime qu’il est très peu praticable et surtout risqué au Maroc.

Par ailleurs, je prévois une spécialisation dans le secteur de la santé privée et la technologie blockchain.

J’aimerais également avoir un engagement associatif, et pourquoi pas à travers la participation à un projet de création d’une section ANECS Maroc. Le DEC bénéficie d’une très grande notoriété dans le milieu de l’expertise comptable au Maroc. Par rapport au diplôme marocain, il ouvre la voie à de nombreuses d’opportunités de collaboration (salariale, association, co-traitance et sous-traitance). J’aimerais concourir à la promotion et au rayonnement du cursus français au Maroc.

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