28 janvier 2021

Le premier métier de l’ANECS est de représenter les experts-comptables et commissaires aux comptes stagiaires et mémorialistes afin de faire remonter auprès des l’Ordre et de la Compagnie les besoins spécifiques de cette population. Pour une représentation objective, l’ANECS mène régulièrement auprès de cette cible, des enquêtes sur le déroulé du stage et le vécu quotidien en cabinet. C’est dans cette dynamique que le Bureau exécutif a mené une grande étude auprès des stagiaires et mémorialistes, d’avril à juillet 2020 avec le concours et le soutien du Conseil Supérieur. Qu’en soit remerciés Nicole CALVINHAC, Vice-présidente en charge du secteur Performance et compétences et Présidente de la commission Formation, Marie-Claude MIGNON, Contrôleur national du stage et présidente du Comité nationale du stage, Dominique NECHELIS, Directrice de la Formation et Marc MALARD, Responsable de l’Observatoire de la profession comptable, et son équipe.

 

Profil des répondants

Les 1 165 répondant.e.s sont composé.e.s à 55 % de stagiaires 3e années et mémorialistes et représentent l’ensemble des CROEC.

52 % sont des femmes. La majorité d’entre eux.elles ont entre 1 et 3 ans d’ancienneté dans leur cabinet et ont fait à 58 % un cursus DCG/DSCG. 35 % ont un Master CCA.

Concernant la taille du cabinet, 44 % exercent dans un cabinet de 10 à 50 collaborateurs, 39 % dans un cabinet de plus de 50 collaborateurs et 18 % exercent dans un cabinet de moins de 10 collaborateurs.

La pratique professionnelle est en moyenne de 75 % expertise pour 25 % et seul.e.s 15 % des répondant.e.s ne font que de l’audit.

Enfin, seulement 7 % envisagent de faire une partie de leur stage à l’étranger. Rappelons ici que la commission internationale de l’ANECS informe et conseille les stagiaires sur les apports d’un stage en dehors de nos frontières.

Temps de travail

Si les 39 h sont la norme du contrat de travail, le temps de travail hebdomadaire monte aisément à 45 h et plus par semaine hors période fiscale pour 35 % des stagiaires. En période fiscale, ils sont 99 % à dépasser les 45h. Ces heures supplémentaires qui ne sont ni payées, ni récupérées pour 58 % d’entre eux. 26 % les récupèrent. Elles sont payées pour 10 % d’entre eux.

LA FORMATION PENDANT LE STAGE

On peut s’étonner que 5 % des stagiaires financent encore eux-mêmes leurs journées de formation même si un léger progrès a été accompli en 15 ans puisque lors de notre enquête de 2006, “La formation de l’expert-comptable stagiaire.”, 10 % des stagiaires payaient leurs journées de formation. On peut rappeler ici l’article Article 4.2.2 – Stagiaires experts-comptables et/ou commissaires aux comptes de l’avenant à la convention collective :

“Les coûts des sessions de formations règlementairement prévues est à la charge de l’employeur dans le cadre de ses obligations annuelles de financement d’actions de formations continue” ainsi que l’article 5 de l’ordonnance : “Les experts-comptables doivent, dans les conditions fixées par le règlement intérieur de l’Ordre, prendre en charge des experts-comptables stagiaires, assurer leur formation professionnelle, les rémunérer.”

Cette question est récurrente et est fréquemment abordée lors du Comité national du stage. “Une grande sensibilisation des contrôleurs de stage est en cours sur ces questions car c’est, en effet, vers eux que les experts-comptables stagiaires doivent se tourner en cas de problème” nous dit Dominique NECHELIS.

Plus encourageant, 66 % des formations complémentaires comme par exemple les techniques d’audit (30 %), les missions de conseil (25 %) ou encore les préparations au mémoire (25 %) sont prises en charge par le cabinet.

Pour 74 % des répondants.e.s, toutes les formations sont incluses dans le temps de travail même si dans la pratique 22 % disent devoir travailler plus pour rattraper le retard sur leurs dossiers dû aux heures passées en formation. Une petite partie (5 %) doit poser des jours des congés ou RTT pour se rendre en formation, ce qui là encore, n’est pas conforme au règlement du stage. Ils étaient 8 % en 2006

Concernant les heures d’e-learning, seul.e.s 7 % des répondant.e.s les effectuent sur leur temps de travail. 57 % sont obligés de les suivre sur leur temps personnel compte tenu de leur charge de travail ce qui montre bien que cette partie de la formation n’est pas intégré par le management du cabinet. On peut souligner que 36 % ont la consigne de faire leurs heures de e-learning sur leur temps personnel.

 

Formation adaptée aux besoins professionnels actuels et à venir ?

Le jugement est plutôt positif. 62 % considèrent que les formations suivies pendant le stage répondent en partie aux besoins professionnels actuels et 20 %, tout à fait. 50 % la juge adapté à ce qu’il imagine être la profession de demain. A contrario, 13 % estiment qu’elles ne répondent pas aux besoins actuels et 33 % qu’elles ne sont pas adaptées aux besoins de demain.

Lors de notre enquête de 2007, les répondant.e.s estimaient à 65 % que la formation répondait à ce qu’ils imaginaient être les besoins à venir. On peut certainement accorder cette baisse de 15 points aux importants changements qui ont eu lieu en 15 ans que ce soit au niveau de la transformation numérique, de la nature des missions ou encore des évolutions règlementaires.

Nous avons interrogé nos répondant.e.s sur les domaines qui devraient être renforcés selon eux.

Viennent en tête les missions de conseil (65 %), stratégie, organisation (46 %) de même que des domaines spécifiques qui s’apparentent au conseil comme la gestion des systèmes d’information (37 %) ou la gestion de patrimoine (46 %).

Le management arrive en bonne place également avec 48 % des répondant.e.s qui demandent à être formé.e.s dans cette matière, gage qu’ils.elles ont intégré qu’un cabinet d’expertise comptable est une entreprise comme une autre qu’il faut manager.

Les soft skills – vente, marketing, communication – viennent en 2e partie de tableau étant plébiscitées entre 29 et 34 % des demandes.

Les formations techniques se situent ensuite entre 19 et 24 %.

A noter que l’audit et les langues se classent tout en bas du tableau avec à peine 11 % des demandes.

On note sur ce sujet des domaines à renforcer, une très forte évolution des demandes. En 2007, les stagiaires ne demandaient un renforcement des formations sur les missions de conseil qu’à 18 %, à 14 % sur les soft skills et à 12 % sur le management. Les langues se situaient au même niveau.

Regardons maintenant les formations complémentaires financées par les cabinets. Si l’audit est en dernière position dans les demandes des stagiaires, il se classe en première place des formations financées par les cabinets avec 29 %. A noter que ce score est le même pour certaines formations techniques orientées TPE / PME alors qu’elles ne rentrent qu’à 18 % dans les formations qui devraient, selon les stagiaires, être renforcées.

Les formations “missions de conseils” sont proposées à 25 % alors que les stagiaires les réclament à 65 %. Il est à noter que l’étude des Moulins dont nous publions la synthèse prévoit que “la plupart des collaborateurs vont devoir se métamorphoser… en conseillers dont les missions d’accompagnement seront la principale source de facturation du cabinet”.

Nous soulignons avec plaisir que pour 24 % des répondant.e.s, le cabinet finance des formations et préparations au mémoire, preuve qu’un quart des cabinets sont conscients de la nécessité d’accompagner les stagiaires dans l’obtention du DEC.

En revanche, le management n’est proposé qu’à 16 %. On voit bien là le chemin qui reste à parcourir. En effet, les dirigeants de cabinet accompagnent sur un plan technique via l’obtention du DEC, leurs potentiels futurs associés / repreneurs du cabinet mais n’estiment pas nécessaire de les former à ce qui sera l’essentiel de leur futur métier, c’est-à-dire le management de “l’entreprise cabinet”.

Dans le même esprit, 55 % des cabinets n’inscrivent pas ou ne remboursent pas les frais aux diverses manifestations de la profession type congrès de l’Ordre ou Estivales ANECS & CJEC.

 

Formation via la pratique professionnelle

Trois stagiaires sur quatre voient une progression plus ou moins significative dans le type de missions qui leur sont confiées.

Si les missions traditionnelles restent leur quotidien : Révision et liasses fiscales à 82 % et autres déclarations autour de 55/60 %, les missions exceptionnelles et de “petit conseil” ainsi que l’audit viennent juste derrière à 50 %. A l’autre bout du spectre, 26 % ont dû changer de cabinet ou n’ont pas eu d’évolution (17 %).

 

Pratique de l’audit

Nous devons en premier lieu remarquer que 36 % des répondant.e.s  effectuent leur stage auprès d’un.e maitre de stage non habilité.e en tant que commissaire aux comptes. 86 % d’entre eux.elles ont un.e co-maitre de stage et 7 % n’envisagent pas de faire de l’audit. Lors de notre enquête “Quelle pratique professionnelle pour les stagiaires” de 2008, seuls 20 % des maitres de stage n’étaient pas habilités. Mais surtout, seulement à peine 2 % des stagiaires n’envisageaient pas de faire de l’audit. Ceci est certainement à mettre en perspective avec la loi PACTE bien que 80 % ne pensent pas ou ne savent pas si la loi PACTE a eu une influence sur leur nombre d’heures CAC.

Pour autant, en 2007, on s’interrogeait déjà sur ce que l’on appelait “la fonte de mandats”. 53 % ont actuellement fait à minima les 200 heures d’audit requises et 75 % pensent qu’ils les auront faites à la fin de leur stage dont 34 % d’entre eux qui auront effectué plus de 500 heures.

On ne peut constater qu’une forte érosion par rapport à 2007 puisqu’ils étaient plus de 88 % à être certains d’avoir effectué au moins 200 heures d’audit à la fin de leur stage dont 64 % d’entre eux pensaient en faire plus de 500. Il faut également souligner que 7 % ne savent pas où ils en seront à la fin de leur stage car ils rencontrent des difficultés pour effectuer leurs heures et que 18 % seront en dessous du seuil. Enfin, 27 % disent ne pas vouloir exercer l’audit et 11 % disent renoncer à exercer l’audit à cause de la loi PACTE.

A contrario, 12 % des répondant.e.s qui pratiquent essentiellement l’audit, rencontrent des difficultés pour faire de l’expertise et s’inquiètent des épreuves du DEC.

ACCOMPAGNEMENT PAR LE MAITRE DE STAGE ET LE CONTROLEUR DE STAGE

Le triptyque “Stagiaire / Maitre de stage / Contrôleur de stage” est un pilier fondamental du stage et les stagiaires en ont globalement une bonne image et y sont attachés.

Concernant la relation avec le maitre de stage, 55 % des stagiaires ont des échanges avec leur maitre de stage sur leurs obligations de stage dont 39 % sur le contenu de leurs rapports, notice, mémoire. 18 % n’ont pas d’échanges mais ils savent que leur maitre de stage lit leur production. Un peu plus d’un quart ne bénéficient pas d’accompagnement particulier de leur maitre de stage sur ce point. Ces proportions sont stables par rapport à notre enquête de 2007.

Concernant le contrôleur de stage, les rapports sont très partagés. Environ 1/3 des stagiaires a des échanges réguliers et des retours de son contrôleur, 1/3 n’a d’interaction que pendant les formations et un gros 1/3, 36 % très exactement, n’a jamais vu son contrôleur et n’a aucun retour de sa part.

Si l’on regarde de près qui compose ce tiers de stagiaires, on trouve 41 % de premières années de stage, ce qui peut expliquer, compte tenu tout particulièrement de la situation sanitaire que la première rencontre n’ait pas encore eu lieu. En revanche, 23 % sont en 3e année et mémorialistes.

Quoiqu’il en soit, la relation avec le contrôleur de stage s’est fortement améliorée car, en 2007, les stagiaires étaient près de 60 % à déclarer n’avoir aucun contact avec leur contrôleur de stage. On peut rendre hommage à Marc REGNOUX, président de la commission Formation et Jean-Jacques PERRIN, contrôleur national du stage à cette période qui ont fortement oeuvré dans ce sens.

EVALUATION DE L’ENVIRONNEMENT PROFESSIONNEL

Les stagiaires répondant.e.s de notre enquête se disent plutôt heureux dans leur environnement professionnel. Les items qui arrivent en tête de leur classement sont :

Évolutions dues à la crise du Covid :

La grande révolution est bien évidemment, le télétravail pour 83 % des répondants.

La relation avec l’encadrement a également évolué. Les points sont devenus plus réguliers (hebdomadaires à 20 % et quotidien à 9 %) et la gestion des plannings a été pour certains, autonomisée et le temps de travail modulé. Pour 6 % d’entre eux, toutes ces mesures étaient déjà en place.

L’APRÈS DIPLÔME

A ce stade de leur cursus, 38 % des stagiaires et 35 % des 3e années et mémorialistes n’ont pas arrêté leur futur choix d’exercice.

Toutefois, ils sont 23 % et 25 % en 3e année et mémorialistes à choisir le salariat au dépend de l’exercice libéral dont 8 % d’entre eux souhaitent exercer en tant que salarié en entreprise. Le souhait d’intégration en tant qu’associé reste un choix plébiscité car rassurant. Ce chiffre monte à 22 % chez les 3e années et mémorialistes.

Télécharger les résultats de l’enquête

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