Expert-comptable stagiaire à Hong Kong, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec des professionnels de l’assurance exerçant dans la région Asie-Pacifique. Un secteur passionnant qui répond aux attentes du professionnel soucieux de réussir son expatriation, qu’il soit salarié ou non. Sortez couverts…
Jacqueline Gomis, courtier en assurance à Hong Kong, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Après une formation en finance et comptabilité, je me destinais au métier d’expert-comptable, mais me suis finalement orientée dans le secteur bancaire en tant que gestionnaire de patrimoine pendant 8 années en région parisienne. Me voici aujourd’hui à Hong Kong en tant que courtier spécialisé dans l’assurance santé pour les expatriés.
L’assurance des expatriés, en quoi cela consiste-t-il ?
Une assurance santé internationale est une couverture médicale adaptée au mode de vie des expatriés. Les assurances locales ne sont valables qu’à Hong Kong. Ainsi pour être couvert à l’étranger ou dans leur pays d’origine, les expatriés doivent souscrire à une assurance supplémentaire.
Quelles sont les compétences essentielles à votre métier ?
Le courtier en assurance (insurance broker) est avant tout là pour trouver la meilleure solution pour son client (salarié ou entrepreneur) et défendre ses intérêts au mieux face aux assureurs. Il est important qu’il ou elle :
»» Soit à l’écoute des besoins de son client afin de bien analyser sa situation ;
»» Ait une bonne connaissance des produits sur son marché ;
»» Soit réactif et disponible surtout lorsque le client doit activer ses indemnisations de contrat.
Nous avons des clients à l’international et il peut arriver qu’ils doivent être hospitalisés à l’autre bout du monde et qu’ils nous appellent en plein milieu de la nuit car ils ne savent pas quoi faire. Leur trouver une prise en charge optimale requiert self-control et réactivité.
Quelles sont les principales différences entre une couverture sociale en Asie-Pacifique et en France pour un salarié ?
Le concept de mutuelle comme on le connaît en France n’existe pas à Hong Kong. Un salarié en phase de recherche d’une mutuelle devra s’orienter plutôt vers une assurance santé internationale afin de compléter l’assurance locale qui offre souvent des couvertures minimes.
Quels outils utilisez-vous pour faire vos analyses et votre tarification ?
Pour chaque prospect, je fais une analyse de ses besoins et cherche ensuite l’assurance qui lui convient le mieux. Je récolte ces informations à travers un questionnaire confidentiel sur notre ERP. Le devis est le fruit d’un algorithme complexe, mais il faut savoir que plusieurs critères sont pris en compte (tabagisme,
nationalité, genre…). Les principes d’intégrité font que l’assureur accorde une confiance totale aux réponses, car il n’est pas habilité à les vérifier. En cas de mensonge, le client risque de ne pas bénéficier de sa couverture lorsqu’elle s’avère nécessaire.
Une connexion particulière avec les experts-comptables ?
Nous avons des synergies avec des cabinet d’expertise comptable. Dans les faits, nos métiers sont très complémentaires car leurs clients peuvent demander des informations en termes d’assurance santé. C’est à ce moment-là que nous prenons le relais.
L’assurance des expatriés, en quoi cela consiste à Hong Kong ?
Tout résidant hongkongais, même expatrié, est de facto couvert pour les prestations médicales publiques. Une sécurité non négligeable, comparé à d’autres zones d’Asie. Mais, en cas de maladie grave, et sans contrat complémentaires, il faut faire face à la perte de revenus, à l’augmentation substantielle des frais médicaux et aux charges liées à la famille. D’où la nécessité d’une assurance « maladie grave ».
Quelles approches ou solutions vous permettraient d’accroître ce partage de compétences ?
Aider les expatriés à Hong Kong avec de la pédagogie. Une communication commune et une synergique (expert-comptable et assureur) sont la clé pour accueillir et accompagner sur le long terme les expatriés entrepreneurs.
Les particularités de Hong Kong L’assurance maladie à Hong Kong est financée par l’Etat, sans contribution de l’employeur ou de l’employé. Les tarifs des médecins et hôpitaux publics sont subventionnés. Les infrastructures : bien que les soins publics soient de très bonnes qualités, les temps d’attentes sont extrêmement longs et les médecins ne parlent pas toujours anglais. A contrario, le service est plus rapide dans le secteur privé mais pour des tarifs parfois très élevés (parmi les plus élevés au monde). D’où l’importance d’avoir une assurance santé à titre privé afin de prendre en charge ces frais. Les réformes : •• 2000 : le projet Mandatory Provident Fund (Fonds obligatoire de financement des retraites) a vu le jour à Hong Kong. 5 % est prélevé sur le salaire du contribuable puis versé sur un compte bancaire bloqué jusqu’à son départ à la retraite (ou départ du pays pour les expatriés). La même contribution est apportée sur ce compte par l’employeur. Rappel : les salaires sont exonérés de cotisations sociales. •• 2019 : le gouvernement hongkongais a demandé aux assurances de proposer des produits financiers déductibles des impôts. Objectif : inciter la population à recourir aux services privés, et donc désengorger les hôpitaux (il n’y a que 10 hôpitaux publics à Hong Kong pour 7,5 millions d’habitants), majoritairement âgés. Maximum déductible par an et par contrat : 8 000 HKD (soit 923 EUR ). La culture : Les Hongkongais connaissent très bien les contrats d’assurance. Certains ont même plusieurs contrats, dans une stratégie d’investissement personnel ou de double couverture. |
Le mot du DEC’xpat Un français en France n’a pas la même couverture santé, et donc les mêmes besoins en matière d’assurance, qu’un Français résidant à l’étranger. Experts-comptables stagiaires (ou diplômés) salariés, si vous envisagez de vous expatrier, renseignez-vous sur le système social local et les besoins en termes de protection complémentaire. Vous pouvez y souscrire depuis la France ou sur place, mais dans tous les cas, pensez à comparer les prix, qui peuvent être très variables. Pour gagner en efficacité, faites confiance aux big players du marché, ou faites appel à un courtier pour vous simplifier la tâche. Enfin, pour celles et ceux qui souhaitent continuer à cotiser aux régimes de santé et de retraite français, la Caisse des Français de l’Étranger répond à ce besoin. |
Benjamin Wein, Expert-comptable mémorialiste, Vice-président de la Commission Internationale de l’ANECS