Dans la continuité de notre tour d’Europe des professions du chiffre, nous nous tournons aujourd’hui vers nos voisins Belges en allant à la rencontre de Gaëtan DUMORTIER, réviseur d’entreprises et président du Conseil des jeunes de l’IRE, Institut des réviseurs d’entreprises.
Pouvez-vous nous présenter ce qu’est le métier de réviseur d’entreprises en Belgique ?
Notre métier consiste, à titre principal, à exécuter toutes les missions dont l’accomplissement est réservé par la loi ou en vertu de celle-ci aux réviseurs d’entreprises et d’une façon générale, toutes les missions “révisorales” d’états financiers, effectuées en exécution de la loi ou en vertu de celle-ci.
Il s’agit par conséquent de missions légales qui sont exercées soit de manière permanente dans le cadre du mandat de commissaire principalement (contrôle légal ou audit des comptes), soit de manière occasionnelle. Par exemple : apports, transformation de sociétés, fusions et scissions, dissolution et liquidation volontaire de sociétés et d’Asbl en 1 acte, modification des droits attachés aux classes d’actions, etc.).
Les conditions d’accès et d’exercice de notre profession sont régies par l’Institut des réviseurs d’entreprises (IRE).
Notre fonction est également soumise à une supervision publique totalement externe à la profession depuis la loi du 7 décembre 2016 portant sur l’organisation de notre profession.
En effet, le collège de supervision des réviseurs d’entreprises (CSR) soumet les réviseurs d’entreprises à un contrôle de qualité et en adopte les conclusions. Il assure également la surveillance et peut prendre en cas d’urgence un certain nombre de mesures à l’encontre des réviseurs d’entreprises (telles qu’une injonction de se conformer à des dispositions déterminées, une injonction de s’abstenir de réitérer un comportement déterminé, une imposition de paiement d’une astreinte, etc.).
Les différences existant entre un expert-comptable et un réviseur d’entreprises sont similaires à celles que vous connaissez entre un expert-comptable et un commissaire aux comptes en France.
En effet, l’expert-comptable a pour principale mission la reddition des comptes d’une entité tandis que le réviseur d’entreprises a pour principale mission le contrôle des comptes établis par ledit expert-comptable.
A la différence de la France, la plupart des réviseurs d’entreprises ne font que des missions d’audit et autres missions révisorales.
Ce n’est qu’une petite minorité de réviseurs d’entreprises qui portent également le titre et exercent la fonction d’expert-comptable.
Quel est ou quels sont les cursus pour accéder à la profession de réviseur d’entreprises ?
Pour pouvoir exercer la profession de réviseur d’entreprises, il faut tout d’abord suivre un stage organisé par l’Institut des réviseurs d’entreprises (IRE).
La durée du stage est d’au moins trois ans et le stage doit – outre la réussite à de nombreux examens – comprendre chaque année au moins mille heures de missions révisorales.
Pour être admis au stage, il convient de réunir les conditions suivantes :
1. être ressortissant d’un État membre de l’UE et disposer d’un établissement, dans un État membre ou avoir un établissement en Belgique,
2. ne pas avoir été condamné du chef de certaines infractions (pénales),
3. être titulaire d’un diplôme de niveau master délivré par une université belge ou par une Haute École belge de type long, ou d’un diplôme équivalent obtenu à l’étranger,
4. être âgé de 60 ans au plus,
5. avoir conclu une convention de stage, pour la durée totale du stage, avec un réviseur d’entreprises personne physique comptant au moins cinq années d’inscription au registre public et qui assumera le rôle de maître de stage.
Par conséquent, l’ensemble des cursus proposés par les différentes universités du pays sont donc théoriquement éligibles en vue d’accéder à la profession de réviseur d’entreprises.
Toutefois, dans la pratique, seuls les masters axés sur la finance /la comptabilité / l’économie / le droit sont généralement choisis par les étudiants souhaitant embrasser la carrière d’auditeur.
Une fois diplômé, quelles sont les formes d’exercice ?
Une fois l’examen d’aptitude (écrit et oral) réussi et le titre en poche, différentes possibilités s’offrent aux jeunes réviseurs d’entreprises. Celles-ci peuvent se résumer comme suit :
» continuer à exercer en tant qu’employé au sein des cabinets de révision qui les emploie (aucune signature de rapport révisoral n’est dès lors possible dans ce cas),
» se mettre à leur propre compte,
» devenir partner au sein d’un cabinet de révision existant.
Les choix effectués par les jeunes réviseurs d’entreprises dépendront de multiples facteurs tels que le souhait d’obtenir ou non davantage de responsabilités, les opportunités du moment, etc.
A noter toutefois que se lancer en tant que “sole practitioner” en Belgique est devenu très compliqué compte tenu notamment :
» des exigences normatives contraignantes auxquelles nous sommes soumis,
» d’un marché de plus en plus concentré,
» de l’absence de possibilité, par manque de communication entre confrères/consoeurs, de racheter des fonds de commerce de confrères/consoeurs souhaitant quitter la profession.
Vous êtes président du Conseil des jeunes au sein de l’IRE. Pouvez-vous nous présenter votre rôle ?
Mon rôle est axé sur quatre objectifs, à savoir :
» tenter de maintenir les jeunes réviseurs au sein de notre profession,
» aider au mieux les stagiaires dans les difficultés qu’ils rencontrent au cours de leur stage en vue de devenir réviseur d’entreprises,
» tenter d’accroitre l’attractivité de notre profession auprès des étudiants,
» tenter de renforcer le networking interne auprès des stagiaires et des jeunes réviseurs d’entreprises.
Concrètement quelles sont vos actions ?
Pour ce faire, nous avons accompli un grand nombre d’actions au cours de ces quatre dernières années. Il s’agit notamment de :
» la visite des différentes universités / hautes écoles du pays depuis plus de trois ans afin de promouvoir notre profession auprès des étudiants,
» l’organisation d’un premier networking event en 2017 entre jeunes réviseurs d’entreprises et stagiaires,
» l a présentation de la profession lors de jobdays et autres journées d’information organisées en 2017 afin de promouvoir notre profession auprès des étudiants,
» l a participation aux réunions de l’Accountancy Europe et échanges sur les thématiques internationales depuis plus de trois ans,
» l a réalisation d’une large enquête en 2018 auprès des stagiaires et des jeunes réviseurs d’entreprises afin de connaître leur ressenti à l’égard de notre profession,
» l ’organisation d’un Community Event en 2019 en vue de créer des moments de partage et de convivialité, au travers d’un quizz général, entre stagiaires et réviseurs de tous âges venus en nombre,
» la réalisation d’une vidéo de promotion en 2019 de la profession à destination des différentes universités / hautes écoles du pays en vue de faire naître un certain engouement auprès des étudiants pour notre métier,
» la création en 2019 d’une page internet dédiée uniquement à la profession auprès des étudiants.
Est-il possible pour un stagiaire français de faire une partie de son stage en Belgique et, si oui, quelles sont les démarches à accomplir ?
Un stagiaire DEC peut faire 1 an de son stage chez un réviseur d’entreprises et un stagiaire CAFCAC maximum 2 ans.
Une page du site web de l’IRE est dédiée aux offres d’emploi et annonces de stagiaires belges à la recherche d’un lieu de stage.
L’IRE pourrait envisager de publier les éventuelles annonces de stagiaires étrangers également à cet endroit : Notre profession/offres d’emploi et reprises (https://www.ibr-ire.be) La demande de publication de l’annonce peut être envoyée via le formulaire disponible sur le site internet.
Nous serions donc heureux d’échanger avec nos confrères de l’ANECS et du CJEC sur ces thématiques.