Nadège GAULIER, diplômée du DEC et Senior Manager en risque opérationnel dans le secteur bancaire en Australie. Propos recueillis par Adrien VECTEN, président CJEC Champagne et ancien membre de la commission internationale de l’ANECS.
Passionnée de voyages, j’ai toujours rêvé d’allier cet intérêt avec mes aspirations professionnelles. C’est ainsi que j’ai pris la décision de débuter mon stage DEC au Luxembourg puis d’effectuer ma dernière année en Australie… où je vis encore aujourd’hui. Voici mon parcours !
LES ÉTUDES SUPÉRIEURES ET LA DÉCOUVERTE DE L’ÉTRANGER
C’est lors de mon cursus DCG que j’ai eu accès à ma première expérience à l’étranger : un stage d’un mois en Angleterre en tant qu’assistante comptable au sein d’une entreprise. Au-delà de ma passion pour les voyages, mes envies d’une carrière internationale étaient nées !
Ayant la volonté de me diriger vers le cursus d’expertise comptable français, j’estimais cependant indispensable d’acquérir une expérience en France avant un nouveau départ à l’étranger.
J’ai donc, dans un premier temps, poursuivi mon cursus via un DSCG en alternance au sein d’un cabinet d’expertise comptable de taille moyenne à Rennes. J’ai ensuite intégré un Big Four au Luxembourg, en tant qu’auditrice financière. C’est également dans ce cabinet que j’ai ensuite débuté mon stage d’expertise comptable.
Après quatre ans à ce poste, dont deux années de stage DEC, j’ai eu une opportunité d’être mutée au bureau de Sydney, à un poste d’assistant manager. L’Australie m’avait toujours fait rêver, avec ses plages magnifiques, sa nature et son soleil !
Pour que ma demande de mutation soit recevable, il était nécessaire que je jouisse d’une bonne notation en interne ainsi que de bonnes appréciations de stage. Consciente de cette nécessité, j’ai particulièrement soigné ces aspects et cela a payé car j’ai décroché le poste !
PRÉPARER LE DEC À 17 000 KM DE PARIS…
Entre mariage, préparation du DEC, évolution de carrière et départ en Australie, ma troisième année de stage n’a pas été de tout repos mais le jeu en valait la chandelle !
Une fois le contrat pour mon nouveau poste au bureau de Sydney signé, j’avais à coeur de finaliser l’ensemble de mes obligations de stage avant mon départ pour me concentrer uniquement sur le mémoire une fois sur place.
Pour des raisons de proximité avec le Luxembourg, notamment pour l’accès aux journées de formation, j’avais initialement choisi une inscription à l’Ordre de Lorraine (aujourd’hui intégré à la région Grand Est). Pour faciliter le suivi et garder le même contrôleur de stage, je suis donc resté rattachée à ce conseil régional lors de mon départ pour l’Australie.
Néanmoins, sur les conseils de l’Ordre de Lorraine, j’ai contacté l’Ordre de Paris Ile-de-France qui m’a autorisée à participer, par anticipation, aux journées de rattrapage qu’il organise et qui ont lieu en début d’année. Début 2018, j’avais accompli une majorité de mes obligations de stage, y compris l’envoi de ma notice. Initiatrice d’un projet de digitalisation au sein de mon cabinet luxembourgeois, j’ai choisi un thème en rapport avec cette expérience pour rédiger un mémoire sur le sujet suivant : “Transition numérique et conduite du changement : proposition d’un guide d’accompagnement à destination des cabinets d’expertise comptable et d’audit”.
C’est donc libérée de mes obligations de stage – mais pas du DEC ! – que je me suis envolée pour Sydney. Il me restait ainsi le mémoire à finaliser, ainsi que la préparation de la soutenance et des épreuves écrites. Sans dispositif de prêt de mémentos en Lorraine à l’époque, j’ai dû acheter la documentation nécessaire à la préparation des écrits. Les délais de livraison pour l’Australie étant relativement longs (près de 2 mois), les ouvrages me sont arrivés tardivement et je n’ai eu qu’un temps limité pour les étudier.
Bien qu’étant installée à l’étranger, je n’ai jamais exclu un retour en France, il me semblait donc essentiel de me tenir informée de l’actualité comptable française. Cela est aussi indispensable lorsque l’on est expatrié et que l’on prépare le DEC. Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’un diplôme français. Les épreuves écrites sont basées sur la législation française et les apports contenus dans le mémoire doivent servir la profession française !
Pour ces raisons, j’étais abonnée à diverses revues professionnelles telles que la RFC, je consultais régulièrement le site du Conseil supérieur de l’ordre (sur des sujets tel que le numérique, par exemple), le site de la CNCC… J’étais aussi adhérente de l’ANECS. Intégrer une association telle que celle-ci lorsque l’on est expatrié me parait essentiel, d’autant plus depuis la création de la commission internationale. Cela permet de se constituer un réseau de personnes avec les mêmes problématiques et qui n’ont qu’une envie, s’entraider pour avancer et réussir !
Après quelques mois en poste à Sydney, je suis rentrée en France en mai 2019 pour passer les épreuves du DEC pour la première fois. J’ai validé mon mémoire (13/20) mais malheureusement pas les écrits, que j’avais un peu délaissés lors de ma préparation… Je les ai repassés et validés lors de la session de novembre 2019 et suis devenue officiellement diplômée d’expertise comptable !
L’IMMERSION DANS UNE AUTRE CULTURE PROFESSIONNELLE
Outre les difficultés liées à la préparation du diplôme, ma première année en Australie n’a pas était simple d’un point de vue professionnel. Lorsque l’on intègre ce type de cabinet et ce type de poste, il est nécessaire d’avoir la volonté de comprendre et ne pas être simplement dans l’exécution ! Mon intégration a donc nécessité un investissement personnel important afin de me familiariser avec les normes comptables australiennes, l’environnement et la langue. Grâce à mon expérience au Luxembourg, je jouissais d’un bon niveau d’anglais mais s’accoutumer au langage technique et à l’accent australien est une autre histoire !
Or, une bonne intégration passe nécessairement par une bonne compréhension de la langue et notamment des blagues (oui, les Australiens ont leurs propres expressions qui ne figurent pas toujours dans le dictionnaire !). Heureusement les Anglo-saxons, et notamment les Australiens, sont très ouverts, parlent doucement et ne s’offusquent pas lorsqu’on leur demande de répéter.
C’est leur culture, ils sont “cool” et préfèrent que quelqu’un parle même s’il fait des erreurs ! Cela se ressent même d’un point de vue professionnel, l’accent est mis sur la communication. Il n’y a d’ailleurs pas de barrière entre un junior, un senior ou un associé.
Les supérieurs restent accessibles et à l’écoute de leurs collaborateurs, ce qui facilite les échanges et aussi l’intégration.
Ces expériences à l’étranger permettent d’expérimenter des méthodes managériales et organisationnelles innovantes ainsi que d’appréhender de nouvelles missions, non encore proposées en France. Ce parcours international est donc une réelle source d’enrichissement pour le stagiaire mais aussi pour l’employeur !
LA VIE APRÈS LE DEC
Après un an en tant qu’assistant manager au bureau de Sydney, et une fois le DEC obtenu, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’une des plus grandes banques australiennes en tant que manager en risque opérationnel. J’ai occupé ce poste pendant un an et demi, avant d’être récemment promue au poste de senior manager.
Mes missions consistent aujourd’hui à identifier, analyser, mesurer et limiter l’impact des risques opérationnels auxquels la banque fait face, notamment en s’assurant qu’elle a de bons processus et contrôles en place. J’interviens également en tant que véritable conseiller, lors de nouveaux projets, de la mise en application de nouvelles normes comptables ou réglementaires, auprès de l’ensemble de mes parties prenantes.
LE MOT DE LA FIN
Réussir son DEC en étant à l’étranger n’est certes pas une chose facile mais lorsque l’on a un objectif, il faut s’en donner les moyens, quoi qu’il en coûte ! Cela nécessite un investissement personnel, professionnel et financier conséquent que je ne regrette nullement aujourd’hui. Je suis fière d’être diplômée et de continuer à vivre pleinement ma passion !