14 décembre 2020

Le rôle des commissaires aux comptes dans l’économie avait été très questionné et profondément remis en cause par les pouvoirs publics en 2018 et 2019 : rappelons les débats relatifs à la loi PACTE et au relèvement des seuils de présence obligatoire de la profession dans les petites et moyennes entreprises.

Merci infiniment à l’ANECS et au CJEC d’avoir soutenu l’action des institutions, CNCC et Compagnies régionales, sur le terrain (en particulier la manifestation de mai 2018) et dans les média et réseaux sociaux.

Faute de pouvoir convaincre les pouvoirs publics et la majorité parlementaire de ne pas relever brutalement les seuils et de remettre ainsi en cause plus de 70 % du nombre de mandats dans les sociétés commerciales, la profession a obtenu la reconnaissance de son utilité à travers un triple dispositif novateur :

»» Promotion de la certification volontaire des petites et moyennes entreprises grâce aux nouvelles normes novatrices 911 et 912

A travers la conception et l’écriture de ces normes adaptées aux petites et moyennes entreprises, la profession et son régulateur, le H3C, ont fait preuve d’innovation et de pragmatisme en attendant que les standards d’audit internationaux conçoivent et promeuvent un nouveau cadre conceptuel si attendu et promis pour le courant de l’année 2021. Ceci n’est pas anodin : nous avons pris un temps d’avance par rapport à l’international. Et nous répondons mieux à l’attente des chefs d’entreprises.

»» Dispositif de contrôle adapté aux petits groupes et à leurs filiales significatives

Mettant en avant les risques d’économie grise et la perte de confiance potentielle entre acteurs économiques, la profession a pu faire mesurer le champ des domaines à couvrir et définir un cadre adapté à une certification obligatoire des filiales significatives des petits groupes. C’est tout simplement un enjeu de sécurité économique que les pouvoirs publics n’avaient pas identifié en première analyse.

»» Promotion des missions volontaires d’attestation et de diagnostic au service de la sécurité économique

En conformité avec la directive européenne et en supprimant toute surtransposition en droit français, les commissaires aux comptes peuvent désormais intervenir dans un champ plus large de missions d’attestations et de diagnostic, en respectant scrupuleusement le nouveau code de déontologie publié en mars 2020. Il s’agit bien d’apporter de l’assurance dans nos domaines de compétence par des attestations et des diagnostics, en capitalisant sur notre regard indépendant, notre esprit critique et sur nos connaissances pointues dans la matière financière, le contrôle interne, les risques associés.

En synthèse, ce triple dispositif nouveau fait passer la profession d’une utilité décrétée à une utilité de marché pour être, plus que jamais, des bâtisseurs d’une société de confiance.

Il s’agit là d’un profond bouleversement pour la profession qui justifie une démarche d’accompagnement par la CNCC à travers une Convention nationale en 2019 et un cap assumé de rebond de la profession autour et à travers des outils, des méthodologies, de la formation et enfin de la communication grand public ainsi que des campagnes d’attractivité auprès des jeunes générations.

Toute ma reconnaissance aux présidents de l’ANECS, Adrien DECOSTER et du CJEC, Steeven PARIENTE, d’être montés sur scène lors de la Convention nationale à Lille en novembre 2019 pour partager leur vision et leur enthousiasme à relever les défis de la profession.

Depuis le début de l’été dernier, presse et radio relaient nos messages sur la confiance qu’apportent les commissaires aux comptes auprès des entrepreneurs, petits et grands, et auprès du monde associatif. Cette campagne, “bâtisseurs d’une société de confiance”, continuera de se déployer dans les mois prochains.

Elle sera complétée dans quelques semaines par une campagne d’attractivité auprès des jeunes générations.

L’enjeu est clair : assumer pleinement notre rôle au service de la sécurité économique. En cela, la profession répond positivement et énergiquement aux mauvais esprits qui imaginaient ou craignaient une disparition de la profession dans le vaste champ des petites et moyennes entreprises françaises. Il s’agit aussi de rappeler que notre rôle n’est pas limité à de la conformité et de la vérification. Notre valeur ajoutée et notre ambition sont bien plus larges.

La crise sanitaire liée à la Covid-19, le confinement et la mise à l’arrêt de l’économie ont permis à la profession de répondre aux sollicitations et inquiétudes des chefs d’entreprise et d’organiser les réponses adaptées à cette situation totalement inédite.

A un moment où l’incertitude économique est considérable, la pertinence du rôle des commissaires aux comptes est renforcée.

Il suffit pour s’en convaincre, si d’aucuns en doutaient, de constater l’attention portée par les pouvoirs publics aux sujets de prévention des difficultés des entreprises dans cette période inquiétante.

Et le redémarrage post confinement démontre par ailleurs l’importance des thématiques sur lesquelles la profession s’investit depuis 2017 : cybersécurité, RSE, sans omettre, bien entendu, les domaines classiques et fondamentaux en matière comptable et financière, tout particulièrement critiques dans des conditions de recherche de financements.

La montée des risques et des incertitudes requiert vigilance, anticipation et innovation de la part des acteurs du commissariat aux comptes. La CNCC a mis en place il y a quatre ans une commission Numérique et Innovation dont les travaux doivent être salués. Au sein de cette commission, de jeunes commissaires aux comptes jouent un rôle crucial et incontournable dans la réflexion menée et dans la promotion des démarches entreprises.

Les 3 événements Hackhaton de l’audit portés par la CNCC depuis trois ans n’ont pu être un succès que grâce à l’engagement de l’ANECS et du CJEC. Il ne faut pas relâcher nos efforts. La matière est extrêmement large. Le défi posé à la profession est de remplir son rôle avec efficacité et agilité en tirant profit de l’immensité des données accessibles tout en maitrisant les risques nouveaux qui sont associés au numérique. Cela requiert des compétences neuves et de l’énergie, apportés par de jeunes diplômés et futurs diplômés, dont la culture, les connaissances et le savoir-faire sont cruciaux pour notre avenir. A nous de les attirer et de les faire grandir.

Il est important que les compétences de la profession soient en permanence enrichies par l’apport de cercles de réflexion et de recherche et par la confrontation des idées. La CNCC y joue son rôle avec les contributions écrites de grande qualité de l’Institut Messine (Ces contributions sont accessibles sur le site de l’Institut Messine).

Nos valeurs (indépendance, compétence, engagement, écoute, confiance) sont nourries et confortées par le dialogue et le débat et la remise en cause bienveillante et confraternelle.

Notre engagement dans la société doit être une préoccupation constante. A ce propos, je conserve un souvenir fort d’une soirée organisée par l’ANECS et le CJEC d’Ile-de-France sur la parité dans les locaux de l’Ecole des Mines l’an passé.

Au terme de ma mandature, je remercie infiniment les membres de l’ANECS et du CJEC avec lesquels je n’ai cessé de dialoguer et qui m’ont toujours beaucoup apporté. Merci d’avoir rejoint la profession et de participer activement à la promotion de notre rôle qui met la confiance au coeur de nos actions en faveur du tissu économique et entrepreneurial français. Nous sommes nous-même entrepreneurs à travers nos structures d’exercice, quelle que soit leur taille, et il est fondamental que nous sachions transmettre pour faire grandir les jeunes générations et notre profession.

Jean Bouquot
Past Président CNCC 2017-2020

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