8 novembre 2017

Le service Formation du Conseil Supérieur administre, anime et fait évoluer le stage d’expertise-comptable en fonction des besoins de la profession. Données Partagées a rencontré Hélène MICHELIN, directrice de ce service.

 

Q 1. Hélène MICHELIN, vous êtes depuis 1980 directeur de la Formation au Conseil Supérieur des Experts-comptables. Pouvez-vous nous dire quels champs d’action recouvre cette fonction ?

J’ai intégré le Conseil supérieur de l’Ordre (CSO) en janvier 1980 en qualité d’assistante administrative pour travailler sur les sessions du CSO, les réunions des Présidents des Conseils régionaux de l’Ordre, ainsi que sur les congrès annuels de l’Ordre. Très vite, suite au changement d’orientation de la collaboratrice en charge de la commission formation, son secteur m’est revenu. A cette époque, l’activité de cette commission portait essentiellement sur le suivi des diplômes comptables de l’Etat en lien avec la commission consultative (Direction générale de l’enseignement supérieur) et sur l’harmonisation du contrôle du stage dans sa configuration d’alors. On ne parlait pas encore d’attractivité ni même de formation professionnelle continue qui relevait du CFCG, entité dissoute dans les années 1990 pour faire place au CFPC et au réseau des IRF.

Au cours de ces dernières décennies, le périmètre d’intervention de la commission formation s’est considérablement étendu et se répartit entre trois grands volets : la formation initiale/diplômes et les relations avec le corps enseignant, le stage règlementaire en liaison avec les Conseils régionaux de l’Ordre, la formation professionnelle continue avec sa dimension opérationnelle dévolue au CFPC et aux IRF.

 

Q. 2. Au cours de toutes ces années, qu’elles ont été les grandes évolutions de la formation des stagiaires ?

J’ai connu trois régimes d’études comptables supérieures :

– la fin du régime d’études de 1963/64/73 qui comportait un examen probatoire, le DECS avec trois certificats d’études, les certificats supérieurs, le mémoire d’expertise comptable ;

– la mise en place du régime de 1981 composé dans un premier temps du DECS 1re série et du DECS 2e série, très vite remplacés par le CPECF/DPECF, le DECF, le DESCF, puis 3 épreuves finales pour le DEC : un entretien oral sur le déroulement du stage, une épreuve écrite de révision légale et contractuelle des comptes, le mémoire ;

– le régime actuel de 2006 et 2009 (décrets intégrés dans celui du 30 mars 2012) qui comporte trois diplômes : DCG, DSCG et DEC.

Le stage règlementaire n’a pas autant évolué. Il est toujours de trois ans même si d’autres durées existent aujourd’hui en fonction des profils. Il a toujours vocation à former des professionnels autonomes et à préparer aux épreuves du DEC. Il y a toujours un maître de stage sur le terrain et un contrôleur de stage qui représente l’Institution. L’attestation de fin de stage est toujours nécessaire pour s’inscrire aux examens du DEC.

Ce qui a le plus évolué, ce sont les obligations et les modalités de formation au cours du stage, la durée de validité de l’attestation de fin de stage, ainsi que les passerelles avec le commissariat aux comptes. La formation s’est structurée, les contenus reflètent le programme adossé aux deux épreuves écrites du DEC ce qui est nouveau. Il n’y avait pas de programme dans les régimes précédents du DEC. L’outil e-learning, avec ses exigences et consignes d’utilisation, est entré dans les modes de formation. Un effort important a été mis sur l’accompagnement des stagiaires et sur la formation des contrôleurs du stage.

 

Q. 3. Au regard de ces évolutions quelles différences y-a-t-il entre le stagiaire 1980 et le stagiaire 2017 ? (Similitudes et différences fondamentales)

Les experts-comptables stagiaires n’ont pas fondamentalement changé dans leur comportement. Ce sont les modalités de réalisation du stage qui ont évolué.

L’entrée en stage est à bac + 5 (master) au lieu de bac + 4 (maitrise). Cette différence vient de l’évolution de l’architecture des diplômes de l’enseignement supérieur (LMD).

La possibilité de commencer son stage avec un diplôme incomplet existait déjà dans le régime antérieur (DESCF) mais était plus facile à surmonter. Le DSCG incomplet est un frein pour certains stagiaires qui ont du mal à obtenir ce diplôme avant le couperet de la suspension voire de l’invalidation. Cet aspect qui devait être un signe d’attractivité et d’ouverture se révèle être un piège pour un trop grand nombre de stagiaires.

Il n’y a plus de durée limite pour réaliser son stage en Union européenne et les qualités des maîtres de stage sont plus diversifiées.

Une autre grande différence tient à l’évolution des technologies et à l’arrivée de l’e-learning dans les outils de formation. C’est une facilité et une contrainte mais dans tous les cas les modules actualisés restent à disposition même après le stage pour la préparation des examens du DEC. Rappelons aussi l’accès récent à la base en ligne des mémoires d’expertise comptable. Autrefois, les stagiaires et mémorialistes se déplaçaient à Paris pour consulter les mémoires à la Bibliotique. Aujourd’hui, cet accès est complètement dématérialisé et pour une somme annuelle modique, les candidats au DEC peuvent accéder à cette ressource jusqu’à l’examen.

 

Q.4. Quels conseils donneriez-vous à un stagiaire d’aujourd’hui pour devenir un bon professionnel demain ? Auriez-vous donné le même conseil il y a 20 ans ?

 

Un bon conseil est d’attendre d’avoir obtenu de DSCG pour s’inscrire en stage et ne pas perdre de temps. Un autre est d’essayer de diversifier les lieux de stage en mixant le cabinet, l’entreprise, la mobilité. Et s’il y a changement de maître de stage, surtout ne pas oublier d’informer le service du stage pour que les périodes de stage soient bien prises en compte.

Il est fondamental de respecter les échéances fixées par le Conseil régional pour envoyer ses fiches annuelles et ses rapports semestriels ou pour suivre ses formations. C’est une discipline qui doit être acquise dès le stage pour ensuite être à même de respecter les délais dans la vie professionnelle. Tout retard est difficile à rattraper. J’ai probablement donné les mêmes conseils il y a 20 ans. Ce sont des comportements à avoir dès le départ pour qu’ils deviennent des réflexes et pour pouvoir s’en libérer ensuite.

Dans tous les cas, le dialogue avec les services du stage et avec le contrôleur du stage est indispensable.

L’adhésion à l’ANECS est aussi un plus pour sortir de l’isolement, recevoir des conseils à bon escient, se procurer des outils utiles, se rapprocher de l’Institution.

 

Q.5. Quelle est, pour vous, la place de l’ANECS ?

 

L’ANECS tient pleinement sa place dans l’environnement professionnel. J’ai vu l’ANECS se « professionnaliser » de façon incroyable pour apporter un réel service aux étudiants et aux stagiaires par le biais de publications, de formations, de rencontres, etc. Je souligne la réactivité de ses membres lors des appels à participation à des événements tels que les salons et congrès. C’est un vivier de futurs élus de la profession et l’histoire l’a démontré.

L’ANECS est invitée aux travaux de l’Institution et contribue aux projets de la commission de formation et du stage du Conseil supérieur de l’Ordre. Les bureaux régionaux de l’ANECS sont de plus en plus dynamiques et sont de vrais relais sur le terrain. Il est important également de développer les relations avec les professions européennes et la relance de la branche internationale est une très bonne chose.

Les Estivales tous les deux ans sont de véritables vitrines pour l’Association et les Présidents des Instances nationales comme les partenaires historiques de la profession s’y donnent rendez-vous !

Au moment où Hélène MICHELIN fait valoir ses droits à la retraite, l’ANECS la remercie vivement pour sa bienveillance et son soutien indéfectible à notre association.

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