1 mars 2019

Lors du conseil national ANECS et CJEC d’octobre dernier à Clermont-Ferrand, nos associations ont donné la parole, comme c’est la tradition, aux représentants des instances régionales. A cette occasion, François Verdier, Président de la CRCC de Riom, a livré à nos élus sa vision de l’avenir du commissariat aux comptes. Retour sur une analyse sans langue de bois.

Depuis 20 ans, notre métier de  commissaire aux comptes a subi une forte évolution.  Celle-ci a été marquée par différents éléments qui l’ont progressivement fragilisée.

Parmi ceux-ci, on peut noter une montée en puissance de la dématérialisation (l’image de nos équipes enfermée dans la salle de réunion chez nos clients derrière leurs ordinateurs), une forte augmentation des normes et des contrôles en parallèle desquels la profession n’a pas, ou peu, modifié ses méthodes de travail. Enfin, les seuils de désignation et le barème permettant la détermination des heures à réaliser sont figés dans le temps, permettant à la profession de vivre correctement ces dernières années.

La typographie de la clientèle s’est aussi modifiée, avec des mandats plus nombreux mais également de moindre importance avec notamment la systématisation de la holding (SAS) de rachat, et un éloignement progressif de nos clients, particulièrement des plus petits.

Le constat aujourd’hui est celui d’une profession qui est restée très méconnue et dont le positionnement est délicat dans les petites entreprises entre l’expert-comptable et l’avocat.

La réforme que notre métier est malheureusement en train de vivre dans le cadre de la loi PACTE est en partie la conséquence de nos carences passées. Mais elle résulte également d’un faisceau de facteurs, endogènes ou exogènes.

Pour les facteurs exogènes, on peut citer le fort poids des syndicats patronaux qui poussent à l’adoption de cette mesure ou l’intransigeance du gouvernement, notamment sur les petits groupes.

Mais les facteurs endogènes sont tout autant à incriminer. En effet, la profession a été incapable d’écarter définitivement cette mesure qui est dans les « cartons » des ministères depuis de nombreuses années. Elle a été tout autant incapable de trouver de puissants alliés pour s’opposer à cette réforme. Nos instances, CNCC comme CRCC, n’étaient certainement pas suffisamment préparées à faire face à un tel choc, probable conséquence de notre difficulté collective à avoir une profession unie.

Alors à quoi ressemblera le métier de commissaire aux comptes de demain ?

La profession va, pour l’essentiel, ne conserver que les entreprises les plus importantes (plus de 8 M€ de chiffre d’affaires) sur lesquelles les difficultés de positionnement par rapport à l’expert-comptable sont moins marquées.

Le métier va devenir un métier de super-spécialiste dans une niche, avec une concentration inévitable, mais où il y aura de la place pour des cabinets non « Big ».

L’approche par les risques devra, enfin, prendre toute sa place.

La profession aura aussi à renforcer sa pertinence d’analyse pour « apporter » autre chose aux clients sur l’analyse des risques, le contrôle interne, les textes légaux et réglementaires, la cyber-criminalité, les fraudes, etc.

Avec la suppression du commissaire aux comptes obligatoire dans les plus petites entreprises, des audits ponctuels et ciblés, sollicités par un groupe d’actionnaires ou encore des financiers, vont se développer. La profession devra répondre efficacement à ces sollicitations et apporter une vraie valeur ajoutée.

Le commissaire aux comptes pourra ainsi trouver une place aux côtés de l’expert-comptable qui ne couvre pas tous les besoins de ce type d’entreprise.

Enfin, le commissariat aux comptes devra également beaucoup plus et mieux intégrer les outils numériques d’analyse de bases de données pour, enfin, changer son approche.

Il est évident que dans le cadre de ces évolutions majeures que notre profession est en train de vivre, les jeunes auront naturellement un rôle fondamental à jouer. Ils devront notamment nous aider à moderniser son image et apporter une vision différente et numérique de notre approche.

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