12 janvier 2018

Rencontre avec Nicole Calvinhac, Vice-présidente du CSOEC en charge du secteur Performance des Cabinets. La formation fait partie intégrante de notre profession, tant au niveau du stage qu’au niveau de la formation continue, incontournable pour être en phase avec les permanentes évolutions du métier. Données Partagées a rencontré celle qui préside ce domaine au Conseil supérieur.

 

Question 1 : Nicole Calvinhac, pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et institutionnel ?

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, de nombreux experts-comptables ont des parcours atypiques et j’en fais partie. Diplômée de Sup de Co Toulouse en 1973, j’ai commencé ma vie professionnelle comme chargée des relations publiques d’une filiale de la THOMSON. C’est mon activité orientée vers les relations extérieures de l’ESC au sein de la Corpo (BDE) qui avait été à l’origine de cette proposition de poste. Ensuite, j’ai donné libre cours à une autre de mes passions : la mode, mais dans le secteur du fil à tricoter qui était très porteur à ce moment-là. Mon environnement était le marketing, le développement des magasins, le stylisme, la création de modèles, de couleurs, de fils…

Au bout de 15 années de passion, j’étais devenue une spécialiste d’un secteur d’activité en voie de disparition et il fallait que je reprenne ma vie professionnelle en main.

En 1993, La rencontre avec un de mes professeurs de l’ESC, expert-comptable, ancien président du CRO de Toulouse, ancien vice-président du CSO… (bref, une figure de la profession !) et l’envie de reprendre des études m’ont permis de prendre conscience que la voie de l’expertise comptable, qui avait été ma première vocation lors de mes études, ne m’était pas fermée. Il ne me restait plus qu’à préparer les 4 UE manquantes du DECF, puis le DESCF et enfin à trouver un stage. En 1999, mon DEC en poche, j’ai commencé ma vie d’expert-comptable en prenant la direction du bureau toulousain de la SOFEC, Société Française d’Expertise Comptable, dont le siège était à Tarbes.

Pendant mon stage, j’avais découvert tout ce que l’on pouvait faire dans les instances de la profession et dans ses syndicats et dès mon inscription à l’Ordre, j’ai retrouvé mon âme d’étudiante totalement impliquée dans les actions du BDE.

J’ai demandé à être contrôleur de stage. J’ai toujours enseigné lors de ma carrière professionnelle et j’avais envie de continuer et de transmettre à ces futurs experts-comptables l’intérêt et la passion que je découvrais dans cette profession.

J’ai ensuite été portée à toutes les responsabilités qui m’ont été confiées par ceux qui m’entouraient : d’abord contrôleur principal de stage, puis élue par deux fois au Conseil de l’Ordre de Toulouse Midi-Pyrénées tout en continuant mes fonctions de contrôleur principal de stage, pour finir avec la responsabilité de la présidence du Conseil. Je n’ai jamais connu le « plafond de verre ».

J’ai quitté le contrôle du stage avec un pincement au cœur car j’ai vraiment assumé cette fonction avec un immense bonheur et je n’étais pas certaine de trouver autant de plaisir dans le rôle de « présidente ». C’était à tort ! Une fois élue, je me suis dit : « Désormais, je suis chargée de relations publiques de l’Ordre en Midi-Pyrénées, et donc de notre profession » et j’ai rajeuni de près de 40 ans ! Avec, en plus, le sentiment de servir cette profession qui m’avait ouvert les bras et d’accompagner tous nos confrères du mieux possible.

La route était tracée ! Elue au Conseil supérieur en 2013, j’ai débuté en participant activement aux commissions Formation – au sein de laquelle j’ai été soutenue par le président ANECS de l’époque, Jonathan Schuster, et la déléguée générale, Véronique Deschamps – et Exercice illégal.

 

 

Q2 : Aujourd’hui, vous êtes Vice-présidente en charge du secteur « Performance des cabinets » du Conseil supérieur. Quels sont vos champs d’intervention ?

Ils sont très vastes : Les commissions Numérique, Management des Cabinets, Marketing et Formation sont rattachées à mon secteur. J’ai la sensation d’y retrouver majoritairement ce qui a fait mon parcours professionnel et je m’y plonge avec délice.

 

Q3 : Vous avez gardé, au sein de ce secteur, la présidence de la commission Formation. On y voit là l’intérêt spécifique que vous portez à ce domaine. Pourquoi cette « passion », pourrait-on presque dire, pour la formation ?

La formation est effectivement une autre de mes passions et elle ne m’a jamais quittée ! Parallèlement à mon métier principal, j’ai toujours enseigné, Marketing et Management au début, Fiscalité, Gestion comptable et financière ensuite.

Dès mes premières responsabilités au Conseil de l’Ordre de Toulouse Pidi-Pyrénées, j’ai participé activement aux commissions Formation du Conseil supérieur et j’ai même fait partie de la commission GREECE, chargée de la conception des programmes du DCG et du DSCG.

En 2005, Marie Claire Berson, alors Présidente nationale de l’IFEC, m’avait demandé d’intégrer la délégation patronale de la branche et de me charger principalement de tous les travaux et études sur la formation et notamment de son financement. Elle m’avait aussi confié la responsabilité d’être administrateur du FIFPL, qui finance la formation des professions libérales et donc des experts-comptables « TNS ».

La formation et tout son environnement, c’est ma vie, c’est mon ADN !

 

Q4 : Quels sont les objectifs de votre mandature dans le domaine de la formation ?

La commission formation regroupe en fait 3 commissions : la formation initiale, le stage et a formation professionnelle.

De nombreux chantiers sont en cours, dont la rénovation des programmes du DCG, du DSCG.

Concernant le DCG, le but est de rendre la formation plus « vivante », plus en phase avec les besoins des cabinets et plus exactement avec les compétences requises pour les postes proposés aux titulaires de ce diplôme. Le marketing qui était totalement absent est abordé désormais dans l’UE de Management. L’UE 8 « Les systèmes d’information » a été totalement repensée.

Il faut rappeler que le DSCG est un diplôme de haut niveau car il a le grade de Master. L’UE 6 qui était l’oral d’économie et d’anglais devient une épreuve orale d’anglais des affaires ; le marketing stratégique fait son apparition dans l’UE 3, l’UE5 « Les systèmes d’information » a aussi été totalement repensée en liaison avec l’UE 8 du DCG. L’ANECS a été force de proposition dans ce domaine.

Le programme de formation des stagiaires est en cours de refonte, principalement pour la partie commissariat aux comptes avec plus de présentiel et moins d’e-learning. Il est nécessaire de rendre l’ensemble de la formation « plus vivante ».

 

La formation professionnelle fait l’objet d’une réflexion : les contrôles qualités montrent souvent une carence en formation, tant pour les confrères que pour les collaborateurs des cabinets. Les formations en déontologie et sur les normes sont rarement suivies.

L’e-learning a du mal à décoller et le blended-learning ne passionne pas. Pourtant, la distance des centres de formation est un frein pour la formation en présentiel et la formation à distance est un moyen d’y remédier, mais il faut trouver l’association de méthodes et d’outils qui intéressent l’apprenant.

C’est notre grand chantier en lien avec le CFPC.

 

Q5 : Le CFPC – Centre de Formation pour la Profession Comptable, dont vous avez la charge – est une très belle PME. Pouvez-vous nous décrire son rôle et ses actions ?

 

Le CFPC est un organisme d’engineering de formation dépendant du Conseil supérieur de l’Ordre.

Il fournit la majorité des supports des formations dispensées dans les IRF (Instituts régionaux de formation) de chaque conseil régional.

Le vice-président du secteur qui inclut la commission Formation est de droit président du CA du CFPC. Le président de la commission Formation, ou à défaut son vice-président en fait partie.

Ceci montre le lien très fort entre le CSOEC et le CFPC. Le CFPC est, si je puis m’exprimer ainsi, « le bras armé » du CSOEC pour orienter, accompagner, favoriser la formation de nos confrères et de leurs collaborateurs.

C’est une magnifique petite PME et une belle machine qui comprend une équipe opérationnelle concernée par la conception pédagogique et matérielle des supports et un comité pédagogique qui réunit des concepteurs et des animateurs de renom. Le comité pédagogique est un organe de réflexion sur les nouveaux thèmes de formations à concevoir, de recherche de concepteurs et de supervision de leurs travaux. Le comité pédagogique « labélise » des animateurs qui pourront être recommandés aux différents IRF.

 

Q6 : Le CSOEC propose une offre de formation via le CFPC. Les CROEC proposent une offre de formation via les IRF (Instituts Régionaux de Formation). Les deux syndicats proposent également une offre de formation. Comment s’y retrouver ? Comment choisir ?

 

Comme vous avez pu le comprendre, le CFPC n’est pas en lien direct avec les cabinets comptables, mais avec les IRF. Quand le CSOEC propose des formations comme les formations sur le blanchiment ou le numérique, le CFPC est partie prenante dans la conception et la diffusion. Simplement, le financement est pris en charge par le CSOEC. IL n’y a donc pas de compétition entre le CSOEC et le CFPC.

Il est vrai que certains IRF, en plus des formations qu’ils sélectionnent sur le catalogue du CFPC, conçoivent leurs propres formations ou achètent des supports de formation à d’autres concepteurs, mais c’est transparent pour nos confrères.

En fait, les cabinets ont le choix entre les formations dispensées par les IRF ou celles proposées par les syndicats, ou éventuellement par d’autres grands organismes de formation de renom. Toutes sont d’excellentes qualités et le choix ne dépend que du thème et de la date à laquelle la formation est proposée.

Ayant été très impliquée dans le financement de la formation des cabinets et ayant eu à ma disposition toutes les données financières de la branche, je peux vous assurer que les formations des cabinets petits et moyens, qui représentent 90 % des cabinets, sont essentiellement et très majoritairement dispensées par les IRF.

 

Q7 : Quel regard portez-vous sur l’ANECS ?

 

Je suis ravie de terminer par cette question. J’ai un attachement tout particulier pour les jeunes de l’ANECS !

Notre profession pourra perdurer uniquement si nous pouvons continuer à « tenir la barre ». Cela ne sera possible que par l’implication de tous les élus et de tous ceux non-élus qui participent aux syndicats, associations et commissions qui œuvrent pour la profession.

 

C’est par l’ANECS que les stagiaires apprennent à connaitre les instances, à s’y investir et à œuvrer pour leur profession. C’est « l’école des élus » !

Quand j’étais contrôleur principal, je demandais au Bureau de l’ANECS Midi-Pyrénées de venir se présenter tous les ans devant chaque promotion annuelle de stagiaires. Cela perdure toujours dans notre région, et l’ANECS présente un taux d’adhésion très fort.

C’est grâce à l’appartenance à l’ANECS que les réseaux entre confrères se créent, que le respect de la profession et des confrères existe, que les commissions sont actives…

Bref, je suis une fan de l’ANECS !

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