15 mars 2019

Florence Hauducoeur, expert-comptable chez PwC est la trésorière du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables depuis 2017 où elle est également très active sur les sujets régaliens. Elle a contribué à la formation de nombreux experts-comptables stagiaires au sein de son cabinet. Cette passionnée d’éthique des affaires s’implique également dans l’association Femmes experts-comptables dont elle est vice-présidente ainsi qu’au Conseil de gestion de l’IFEC Paris Ile-de-France.

 

Vous êtes investie de longue date dans nos instances. Qu’est-ce qui motive votre engagement ?

Un intérêt certain pour l’organisation de la profession, qui remonte à mon adhésion à l’ANECS, et la volonté de servir la collectivité, même si cela peut paraître un peu tarte à la crème. Intérêt intellectuel mais aussi personnel via les rencontres que cela m’a permis de faire.

La confraternité n’est pas un vain mot pour moi et j’apprécie particulièrement que des confrères ou des mémorialistes, me connaissant au travers de mes fonctions à l’OEC, viennent vers moi pour discuter, confronter leurs idées ou difficultés.  Je ne les aurais probablement pas croisés lors de mon seul exercice professionnel en cabinet. Quel bonheur d’échanger avec des professionnels de tous bords.

 

De tous les domaines dans lesquels vous avez œuvré, lequel vous a apporté le plus de satisfaction ? De quelle réalisation ou avancée êtes-vous la plus fière ? Quelle cause vous tient le plus à cœur ?

Principalement engagée dans des fonctions régaliennes ou administratives, j’ai peu de réalisations spectaculaires. J’espère juste laisser à mes successeurs une situation ayant progressé.

Les victoires sont cachées ou comment faire passer des évolutions de textes qui permettent à tous un exercice simple et le moins coûteux possible. On ne parle jamais des dispositions quelques peu baroques qui ne se sont pas concrétisées dans les textes définitifs, et pourtant, quel travail.

Je travaille actuellement sur les synergies opérationnelles entre Ordre et Compagnie. J’espère pourvoir faire progresser ce sujet en 2019.

 

Les outils numériques font évoluer de manière rapide et continue nos pratiques professionnelles. Vous-même les avez introduites au Conseil supérieur en tant que trésorière. Comment appréhendez-vous cette évolution numérique ?

Je dis souvent que la comptabilité est le deuxième plus vieux métier du monde. Je ne partage donc pas le pessimisme de certains gourous qui nous promettent la disparition de la profession comptable dans 20 ans à cause des évolutions numériques. Profonde mutation, oui, disparition, non.

Nous avons l’habitude de nous adapter. Un petit retour en arrière : j’ai choisi mon premier cabinet car il était informatisé, j’ai connu les « roulables » à 6 kg (ancêtres des ultra portables et des tablettes), les liasses fiscales tapées à la machine, les machines à faire les payes, les fax interminables à passer feuille par feuille. Et tout ceci, il y a moins de 30 ans, un autre monde… J’ai survécu aux évolutions !

A chacun de nous de s’emparer de ces outils numériques et surtout de l’IA, en n’oubliant jamais que technologie doit rimer avec déontologie, notre raison d’être.

 

Quel est votre avis sur les impacts de la loi PACTE sur l’expertise comptable ?

La loi Pacte, qui est toujours en cours de discussion, ne concerne pas que les commissaires aux comptes mais aussi, même si cela est moins immédiat, les experts-comptables. C’est l’aboutissement d’un processus complexe pour faire valoir nos demandes. Je ne pense pas qu’il faille en attendre une augmentation instantanée de notre chiffre d’affaires mais c’est une boîte à outils qui va poser un cadre rénové pour le métier d’expert-comptable, par exemple : officialisation des honoraires de succès, possibilité de payer à partir du compte bancaire d’un client, assouplissement pour ceux qui exercent également le commissariat aux comptes (activité commerciale, SPE) mais surtout création d’un statut d’expert-comptable en entreprise, qui va donner une plus grande visibilité à notre profession et à notre diplôme. Ceci devrait permettre une plus grande fluidité entre les temps en entreprises et dans les cabinets. 

Comment voyez-vous la profession demain ?

Serons-nous artisan de l’art du conseil ou directeur d’usine du déclaratif ? Je pense que chacun devra faire son choix. Il sera difficile pour une même personne de faire les deux dans un même cabinet, voire de faire cohabiter les deux dans un même cabinet, s’il n’atteint pas une certaine taille.

Un choix devra être fait sur les services proposés aux clients, les secteurs d’activité servis par le cabinet, la couverture géographique du cabinet, les alliances avec d’autres professions. Stratégie, vous avez dit stratégie, osons la spécialisation. Marketing et vente devront être au cœur de cette stratégie.

On peut penser que la concentration de la profession va se poursuivre vigoureusement. Cette concentration pourra se réaliser via des réseaux formels mais aussi informels. Le modèle économique des réseaux informels doit évoluer.

Une expérience cabinet devra également être proposée par chaque cabinet pour ses collaborateurs, condition sine qua none d’embauche et de rétention.

 

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous a un(e) jeune qui entre dans la profession aujourd’hui ? 

Je n’ai pas à proprement parler de conseil à donner car chacun trace sa propre route mais je souhaite partager certaines convictions : soyez sans peur, c’est un métier merveilleux, dans la durée. Surtout ne restez pas isolés, même si les premières années sont délicates, rejoignez le CJEC, une association d’experts-comptables, un syndicat, etc. Trouvez une niche pour développer votre cabinet, pour créer votre avantage compétitif. Expliquez encore et toujours votre métier à votre famille. Ne négligez pas votre formation continue même, et surtout, si vous n’avez pas le temps.

Un seul conseil : have fun !

Partager cet article

Panier
Scroll to Top