10 février 2017

Malgré une forte notoriété et une population de cursus proche et de même génération, les Juniors entreprises sont peu connues de la profession comptable et des jeunes confrères dans leur objet et leur fonctionnement.

Pour en savoir plus, Données Partagées a rencontré Romain TANGUY, président de la Confédération Nationale des Juniors Entreprises.

Avant toute chose, quel est concrètement l’objet d’une Junior-Entreprise ?

Romain TANGUY : L’objet d’une Junior-Entreprise est de permettre aux étudiants de mettre en pratique leurs enseignements théoriques en réalisant des missions pour des clients – ces missions doivent comporter une phase d’analyse. Cela permet aux étudiants d’acquérir une expérience professionnelle en parallèle de leurs études. L’expérience constitue un vrai plus à valoriser sur un CV, puisque l’ensemble des mécanismes de la gestion d’une entreprise sont abordés (déclaratifs sociaux et fiscaux, pilotage d’une stratégie et d’un budget, gestion de la relation client, management d’intervenants, etc.).

 

Comment fait-on appel à une Junior-Entreprise et pour quel type de projets ? Comment gérez-vous la concurrence avec les entreprises classiques ?

Il y a deux manières de prendre contact avec une Junior-Entreprise :

–       En rentrant en contact directement avec la Junior-Entreprise par e-mail, téléphone ou formulaire de contact disponibles sur leurs sites Internet respectifs ;

–       En déposant un projet sur la plateforme CNJE (www.junior-entreprises.com/deposer-un-projet) qui permet de diffuser l’appel d’offres à l’ensemble de nos structures.

On ne peut pas exactement parler de concurrence avec des entreprises classiques. Ce sont des étudiants qui réalisent les missions, contrairement aux cabinets de conseil. Cependant, pour certains appel d’offres, il est possible que nos Junior-Entreprises se trouvent en situation de concurrence avec les entreprises classiques. Dans ce cas, ce sont l’originalité de notre concept, le budget ainsi que la qualité de nos structures (nombreuses sont celles qui sont normées ISO9001) qui permettent de remporter les marchés.

Pouvez-vous nous présenter la CNJE, son organisation, son fonctionnement, ses missions ?

La CNJE existe depuis presque 50 ans. C’est l’organe qui détient, entre autres, la marque Junior-Entreprise. Notre mission consiste en la protection du mouvement des J.-E., le maintien de sa qualité (notamment grâce à une campagne d’audit annuelle) et la formation des Junior-Entrepreneurs. Nous assurons également la promotion de notre concept et de nos étudiants auprès des entreprises privées et des institutions publiques.

Nous fonctionnons grâce à une équipe bénévole d’anciens Junior-Entrepreneurs. Il existe plusieurs formes d’investissement :

–       Ceux pour qui cela constitue une année de césure dans leurs études, engagés pour un an, à temps plein ;

–       Les bénévoles qui s’investissent en plus de leur cours, stage ou emploi.

Tous les week-ends, nous nous réunissons pour faire le point sur les projets. En plus des étudiants, nous avons également deux salariés à nos côtés qui assurent la continuité de nos mandats annuels. Nous sommes organisés autour de sept pôles fonctionnels et d’un bureau.

 

Quels sont vos grands événements ?

 

Chaque année, nous organisons plus de 20 événements. Il y a tout d’abord les congrès nationaux, en été et en hiver, qui réunissent près de 1000 Junior-Entrepreneurs ainsi que les partenaires premium du mouvement (BNP Paribas, Alten, EY, Engie). Ce sont des moments d’émulation très forts, qui nous permettent de créer l’identité Junior-Entrepreneurs, ainsi que l’occasion pour nous de les former à la gestion de leurs Junior-Entreprises.

Il y a également les 16 congrès régionaux, en automne et au printemps, qui nous permettent de rencontrer plus de 2500 Junior-Entrepreneurs par saison, à nouveau pour les former.

Enfin, nous organisons un cocktail de passation chaque année pour marquer la fin et le début d’un nouveau mandat CNJE et cinq assemblées générales des présidents, qui sont un des organes décisionnels de la CNJE. Et en 2019, nous fêterons les 50 ans de la CNJE qui vont nous mobiliser sur plusieurs mandats.

 

Quel est votre positionnement à l’international ? Quels sont vos projets dans ce domaine ?

Nous avons une personne à plein temps au sein de la CNJE qui s’occupe du développement du mouvement des Junior-Entreprises à l’international. Aujourd’hui, le mouvement des Junior-Entreprises, parti de France, s’est exporté dans le monde entier ! Plus de 25 pays ont développé des Junior-Entreprises, notamment en Europe, pour laquelle nous avons créé en 1991 une confédération nommée JADE. Le Brésil, quant à lui, affiche le plus fort taux de croissance du nombre de structures. Nous avons pour projet de créer une confédération mondiale afin d’aligner les stratégies des différents pays et de créer un mouvement étudiant mondial à fort impact pour développer l’insertion professionnelle de la jeunesse.

En France, certaines Junior-Entreprises, comme celle de Toulouse Business School, ESCadrille, ou celle de Kedge Marseille, Marketing Méditerranée, ont acquis une véritable expertise dans l’accompagnement des clients internationaux. Que ce soit pour réaliser une étude de marché à l’international pour une PME ou un benchmark des meilleurs pratiques à l’étranger sur un secteur donné, certaines Junior-Entreprises, via des partenariats avec des Junior-Entreprises étrangères, ont constitué une vraie force de frappe à l’international.

 

Le numérique et les systèmes d’information sont des incontournables. Quel est votre avis sur ce sujet et quelle sont les actions concrètes de la CNJE en la matière ?

Nous prenons ce sujet très à cœur. Aujourd’hui, presque 100 % des Junior-Entreprises se sont dotées d’un poste de DSI. D’autres, plus en avance, ont élaboré de véritables stratégies digitales. Le client reçoit, en plus d’un rapport papier, un rapport digitalisé via des plateformes de business intelligence. Dans leur approche au client, les Junior-Entreprises adoptent aussi de nouveaux codes liés au numérique : expérience utilisateur renouvelée sur internet (www.enfantsduweb.wtf pour la Junior-Entreprise Synerg’hetic), espaces clients pour suivre les projets (www.groupeskemaconseil.com), etc. Les Junior-Entreprises proposent également pour leurs clients des prestations avec une nouvelle approche méthodologique qui inclut par exemple le Big Data (www.escadrille.org) ou des prestations d’accompagnement digital pour les PME (www.market-med.com).

Côté CNJE, nous allons complètement refondre notre site internet dans une optique de référencement efficient qui permettra de booster notre module d’appel d’offres. Nous avons pleinement conscience qu’un meilleur positionnement digital permettrait d’accroître significativement notre visibilité. En ce qui concerne nos systèmes d’information, nous avons développé un intranet (kiwi.junior-entreprises.com) qui permet la gestion de toutes nos structures adhérentes (suivi des audits, module d’appel d’offre, facturation, etc.).

Notre mouvement a pris du temps pour changer de paradigme mais, aujourd’hui, le numérique et les systèmes d’information constituent les priorités majeures de développement de nos activités. C’est un critère différenciant par rapport aux cabinets de conseil modestes qui n’ont pas encore pris ce tournant.

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