18 janvier 2018

Données Partagées a rencontré Catherine GRIMA, présidente de la commission formation ECF, présidente de la commission formation du CROEC Nord Pas de Calais, élue au CSOEC et responsable du master CCA à l’IAE de Lille ainsi que Denis BARBAROSSA, président national de l’IFEC et président de l’IFOR, son organisme de formation.

Question 1 : En complément de la défense des confrères et de la négociation de la convention collective, les syndicats font de la formation un axe fort. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce positionnement stratégique ?

Catherine GRIMA : La formation est un axe essentiel de notre exercice professionnel. En effet, notre polyvalence, notre expertise dans des domaines aussi variés que le social, la comptabilité, la fiscalité, le droit nous oblige à nous mettre à jour et à nous former en permanence. Le rôle des syndicats est aussi d’aider les confrères dans leur exercice libéral, de les accompagner pour grandir, réussir leurs mutations. Nous sommes proches de nos confrères et consœurs sur le terrain, nous pouvons entendre leurs besoins et y répondre en proposant des formations pour les aider.

Denis BARBAROSSA : Accompagner nos adhérents est naturel ! c’est la raison d’être d’un syndicat… Compte tenu de l’actualité technique brûlante, mais également des mutations importantes touchant nos professions, il est normal que nous souhaitions être au plus près des professionnels. Qu’ils soient adhérents ou non, nous organisons près de 600 dates partout en France sur plus de 80 thématiques chaque année. Les sujets sont très techniques (normes, consolidation, paie, fiscalité, CAC) mais également comportementaux (numériques, bien-être au travail, attractivité).

Q2 : Le e-learning prend une part de plus en plus importante dans l’offre de formation. Au-delà des intérêts de flexibilité et de fluidité que chacun connait, quels sont les intérêts pédagogiques de cet outil ?

Denis BARBAROSSA : L’e-learning est l’occasion d’un nouveau mode d’animation et d’organisation. Il permet de se pré-former avant une formation en présentiel, de se mettre à jour en fonction de l’actualité, des dossiers traités. Mais c’est également l’occasion de toucher le plus grand nombre ! Nous sommes présents sur tout le territoire, au travers de nos 28 sections, mais certaines sont éloignées, je pense naturellement au DOM. Ces outils rencontrent un vrai succès et répondent à des attentes fortes : compétence, présence et liberté !

Catherine GRIMA : Le e-learning s’inscrit dans la numérisation de nos cabinets et c’est en effet un gain de flexibilité. Pour autant c’est une nouvelle technique de formation. Il ne suffit pas de mixer un PowerPoint et de la vidéo pour en obtenir tout son potentiel. Si on prend le temps de construire une formation en mixant les outils numériques (vidéo, qcm, forum…) alors on peut obtenir une formation que chacun peut suivre à son rythme, en validant les acquis par étape et revenant sur les points incompris. Le principal intérêt pédagogique est de tendre vers du « sur mesure » si la formation est bien construite

 

Q3 : Comment le e-learning s’inscrit-il dans votre stratégie ?

Catherine GRIMA : Nous sommes en train de repenser totalement notre offre de formation afin de répondre de manière efficace aux besoins rencontrés dans nos cabinets. Notre offre de formation en e-learning va se développer de plus en plus avec une offre plus importante de notre catalogue selon ce format à la rentrée 2018. Ainsi, en plus du e-learning, nous proposerons des modules de formation numériques adaptés à tous les profils et besoins de cabinet. Le télé-présentiel, le e-learning, la vidéo à la demande, sont les méthodes d’apprentissage qui vont nous permettre de compléter le présentiel. Le phénomène est amorcé dans les formations initiales et nous le mettons en œuvre également. 

Denis BARBAROSSA : Depuis 2015, notre outil ExpertsLab (http://expertslab.ifor-formation.fr) est en ligne et riche de plus de 100h de contenu, dont 20h homologuées par le Comité Scientifique auprès la CNCC. Au-delà des seules obligations de formation, c’est une offre riche sur l’entrepreneuriat, le numérique, l’e-commerce. Ainsi, c’est une ouverture vers de nouveaux horizons pour les cabinets, leurs collaborateurs et surtout leurs clients : l’occasion de devenir le conseiller numérique de nos clients, de nouer des liens renforcés entre le cabinet et ses clients.

 

Q4 : Que pensez-vous de la formation e-learning des trois années de stage ?

Denis BARBAROSSA : Lorsque j’étais en fonction à l’ANECS, je recommandai l’adhésion systématique des Stagiaires : l’e-learning (naissant à l’époque) est une excellente solution de formation, mais a tendance à casser les liens entre stagiaires, qui ont besoin d’échanges, de partage d’expérience. A défaut de rencontres au CROEC lors des journées présentielles, l’ANECS permet ces rencontres et moments de découverte.

Catherine GRIMA : Le e-learning, sous sa forme actuelle, n’est selon moi pas totalement efficient. Les journées en présentiel ne permettent pas de le mettre en valeur. Il faut du e-learning car cette méthode d’apprentissage sera rencontrée par les stagiaires tout au long de leur carrière, et plus tôt ils se seront familiarisés, mieux ils l’utiliseront dans leur activité professionnelle. A nous en tant que praticiens de le faire évoluer pour qu’il réponde le mieux à cette période d’apprentissage.

 

Q5 : Jusqu’à l’arrivée du e-learning, les stagiaires suivaient leurs formations en présentiel sur leur temps de travail. Aujourd’hui, le e-learning se fait sur le temps personnel. Qu’en pensez-vous ?

Catherine GRIMA : Je suis contrôleur de stage, et je me bats pour que mes stagiaires effectuent leur temps de formation en e-learning sur leur temps de travail. Le temps consacré au e-learning fait partie intégrante du temps de formation pour la préparation de leur diplôme et ils doivent avoir des journées consacrées à s’y préparer. Il est anormal que les stagiaires prennent sur le temps de loisirs pour faire cette préparation. C’est un des pièges du e-learning pour nous tous. 

Denis BARBAROSSA : La réforme de la formation professionnelle, plus largement que celle du stage, met en œuvre ces modes de suivi de la formation qui, en effet, passe par un investissement parfois plus personnel. Mais j’ai souvenir que lors de mon stage, au début des années 2000, déjà certains stagiaires prenaient sur leurs congés la participation aux journées de formation. Ce n’est donc ni d’aujourd’hui, ni propre au numérique. Plus globalement, la mobilité accrue rend plus compréhensible cette volonté du législateur.

 

Q6 : En effet, à l’ANECS, nous constatons que certains stagiaires doivent prendre des RTT ou des journées de congés pour suivre les quelques journées de formation en présentiel du stage. Quelles actions pouvez-vous avoir auprès de vos adhérents pour faire évoluer ces pratiques ?

Denis BARBAROSSA : L’IFEC a engagé des actions fortes sur l’attractivité en insistant sur la nécessité de redevenir une profession attractive. Diverses réunions, formations et moments d’échange de bonnes pratiques sont réalisés partout en France. Mais nous ne sommes pas dans la vie de chaque cabinet et leur management. Les équilibres économiques de chacun et négociations individuelles restent du ressort de nos adhérents et nous ne saurions nous immiscer dans leur gestion.

Catherine GRIMA : En tant que contrôleur de stage et présidente de la commission formation du Conseil Régional du Nord Pas de Calais, un courrier est en préparation pour rappeler à nos confrères et consœurs l’obligation de formation qu’ils ont envers les stagiaires qui travaillent dans leurs cabinets. Cette obligation est inscrite dans la convention collective. Il est de notre devoir d’alerter sur certaines pratiques non conformes à notre déontologie. Notre syndicat rappelle à ses adhérents les obligations des maîtres de stage et les règles à respecter.

 

Q7 : Quelle sont, pour vous, la place et le rôle de l’ANECS ?

Catherine GRIMA : L’ANECS est essentielle pour les stagiaires, elle est un guide, un point de repère pour eux. Ils ne sont plus dans le système scolaire, ils sont salariés de cabinets, et nombreux sont ceux qui sont perdus car n’ont pas de vue sur le stage, le métier en général et peinent à trouver leur place. L’ANECS est là pour les aider, les informer, mais également faire avancer les pratiques des cabinets. J’invite et j’incite tous les stagiaires à adhérer à l’ANECS, mais également mes étudiants de Master CCA pour être informés sur leur futur métier et rencontrer les personnes avec lesquelles ils travailleront plus tard. L’ANECS c’est surtout le premier réseau professionnel de nos jeunes confrères, elle permet de mieux appréhender la profession. 

Denis BARBAROSSA : Sa place est centrale comme intermédiaire des échanges avec les stagiaires : leurs attentes, leurs objectifs, leur vision. Son rôle est celui d’un catalyseur d’expériences pour les Stagiaires, 1er réseau professionnel des futurs consœurs et confrères, un rôle de veille sur les bonnes pratiques et de vigie.

Plus personnellement, j’ai grâce à l’ANECS (Paris puis National) réalisé mes premières animations et organisations d’évènements d’envergure, rencontré de nombreux élus, trouvé la motivation pour mon mémoire, de l’entrain avec le DEC Possible que nous avions lancé à Paris. Je suis toujours en contact avec nombre de celles et ceux que j’ai côtoyé aux Estivales ou lors de soirées animées. Même lors de mes déplacements au Maghreb, d’anciens adhérents viennent à ma rencontre et nous nous remémorons nos souvenirs de stage !

Partager cet article

Panier
Scroll to Top