5 avril 2018

Découvrez la tribune de Julie MISSLIN, Past Présidente ANECS Nord-Pas-de-Calais 2009-2011, Élue au bureau national en 2009, Vice-Présidente ANECS National (en charge de l’Audit) 2011-2012 :

Voilà plus de 10 ans que j’exerce le métier de commissaire aux comptes. J’ai été formée dans des cabinets où j’ai appris la rigueur et l’importance de l’audit.

Cela ne s’est pas toujours passé dans les meilleures conditions, car les clients nous voyaient comme des « gendarmes ». Pourtant, nous étions toujours dans l’échange et la construction afin d’assurer la correcte présentation des comptes, l’amélioration des procédures internes via des préconisations et le confort dans le cadre de la continuité d’exploitation.

Lorsque j’ai créé mon cabinet en 2014, il m’a semblé évident de m’inscrire à la Compagnie des Commissaires aux comptes.

Mon objectif ? Mettre à profit mes compétences d’auditrice pour des clients de toutes tailles. Bien évidemment, compte tenu de la taille de mon cabinet, mes clients sont essentiellement des TPE.

Voilà des décennies que l’on évoque l’idée de réformer la profession. Je n’étais pas moi-même contre la mise en place des seuils dans les SAS. En revanche, je n’entendais pas le mot « réforme » comme « suppression » de tout un pan de l’activité.

La profession, ces 15 dernières années, a su s’adapter aux exigences à la suite de l’affaire ENRON et à la LSF (création du H3C, mise en évidence de la mission permanente du commissaire aux comptes, contrôle des procédures interne, etc.). Cette adaptation n’a pas été sans mal pour les clients qui ont eu des difficultés à s’habituer aux changements. Ils comprennent désormais la différence et la complémentarité entre un expert-comptable et un commissaire aux comptes.

Rappelons que la mission est au service des tiers de l’entreprise. Ces tiers sont des salariés, des fournisseurs, des clients, des banques, etc. Si l’amalgame avec le « gendarme » qui est fait par les dirigeants est parfois lourd dans la gestion de la mission, il permet cependant d’assurer le respect des règles comptables, fiscales, sociales et juridiques qui rassurent l’ensemble du tissu économique.

Dans mon éternel optimisme, j’ai racheté au cours de l’année 2017 une douzaine de mandats qui sont amenés à disparaitre si la loi reste en l’état.

Non, je ne suis pas contre les réformes et le changement. Non, je ne suis pas contre la mise en place de certains seuils et par conséquence, la perte de certains mandats,

Mais je suis en désaccord avec :

  • Le fait que l’on soit simplement considérés comme des coûts, que l’on ne veuille pas entendre nos arguments, et que l’on ne prenne pas le temps de traiter le sujet de manière plus globale…

  • Le fait que l’on considère que le métier que j’exerce depuis plus de 10 ans soit inutile pour le PME/TPE…

  • Le fait que ce métier soit amené à disparaitre et/ou soit regroupé au sein de quelques cabinets.

Je ne m’avoue pas vaincue. J’ai des idées et mes confrères et consœurs en ont également. Il nous reste encore quelques semaines pour prouver à nos ministres que le métier est utile et que ce n’est pas en le supprimant que cela relancera la croissance.

Je suis ravie de participer aux travaux de l’ANECS et du CJEC prévus le 07/04/2018 et je n’ai aucun doute sur le fait que le résultat de ces travaux sera écouté et entendu par nos ministres.

Car au-delà du fait de vouloir sauver une profession, je veux surtout me battre pour que les TPE/PME puissent continuer de bénéficier d’un contrôle extérieur qui les oblige de temps à temps à se poser les bonnes questions. C’est à cela que tient le bon fonctionnement et la bonne organisation de leur entreprise.

Julie MISSLIN

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